Quand un ami bloggeur que j’apprécie et que je suis depuis des années à travers son site www.dividendes.ch écrit un livre, je me dois au moins de le lire !
Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce site, sachez que la blogosphère francophone se divise en gros en trois types de sites:
- les vendeurs de méthodes blingbling version “la question elle est vite répondue” (en effet, ma réponse est rapide: je ne regarde même pas ce genre de sites pour pigeons)
- les sites d’informations/sociétés de presse, mais qui proposent tout de même une “formation”, au contenu plus ou moins sponsorisé et intéressant
- les particuliers/amateurs de Bourse, qui pour la plupart veulent simplement se diriger vers une des premières catégories, et qui manquent donc d’expériences dans tous les domaines
- les quelques exceptions, à compter sur les doigts d’une main, où les informations résultent d’une passion et qui sont durables et donc basées sur une réelle expérience de l’auteur
La durabilité d’un site internet est généralement un critère primordial. La plupart des blogs disparaissent, que ce soit pour de “bonnes” raisons (l’auteur a autre chose à faire et s’est lassé de sa phase “investisseur/trader” ou a réalisé qu’il n’allait pas gagner des millions avec des pubs Google), ou de “mauvaises” (le succès de la méthode miracle n’est pas au rendez-vous, les comptes de trading ont cramés les uns après les autres…).
Dividendes.ch fait partie des quelques survivants qui dépassent la dizaine d’années, ce qui en “temps-équivalent internet” représente bien une demi-éternité ! Et comme on le dit souvent “ce qui ne me tue pas me rend plus fort”. La preuve en est avec la parution de l’e-book “Les déterminants de la richesse”, désormais également disponible en broché et qui résulte des années d’expérience de son auteur.
Personnellement, je me méfie beaucoup des “e-books”. Il est très facile d’en éditer un grâce à des entreprises comme Amazon par exemple. Il est beaucoup moins facile d’en écrire un. En conséquence, il existe de nombreux ouvrages numériques de qualité médiocre, écrits à la va-vite et surtout par n’importe qui. Si la plupart des auteurs “savent de quoi ils parlent”, tous ne sont pas doués en écriture ni en pédagogie, donc le résultat est souvent au mieux, médiocre.
De plus, la lecture sur tablette ne m’enchante guère, si ce n’est lors de voyages où c’est beaucoup plus pratique que de traîner des tonnes de livres.
Avec tous ces aprioris, j’ai donc contacté Jérôme en lui disant que j’allais acheter son ebook, par curiosité et si j’en voyais l’intérêt, j’allais rédiger un petit article sur le sujet… Pour être honnête, il m’a proposé de me rembourser mes frais d’achat, mais très sincèrement, pour le prix d’un café (en Suisse), je vais transférer une partie de mes investissements “autoformation/lecture” vers ses investissements “gains générés par le blog”. Au pire, j’aurai fais un mauvais investissement d’un montant absolument négligeable.
Au mieux, j’aurai appris un truc ou deux…
Le contenu
Le livre se lit relativement vite, quelques heures, comme beaucoup d’e-books, qui sont calibrés pour les temps modernes. Les “Guerres & Paix” ne sont plus à la mode. Ceci dit, un livre sur l’investissement n’a pas besoin d’être un pavé pour contenir des informations intéressantes.
L’approche est orientée vers le temps nécessaire à devenir rentier et la meilleure manière d’y parvenir. Cette thématique est très courante, puisqu’au final, c’est dans l’air du temps. Sortir de la “rat race” est l’objectif de beaucoup de personnes captives de cette course effrénée. Au final, un rentier est un investisseur qui a réussi !
Nous avons donc un rappel des principaux livres sur le développement personnel de l’investisseur, qui sont des classiques que de nombreuses personnes ont lu (la semaine des quatre heures, Rich Dad Poor Dad, l’homme le plus riche de Babylone…) et qui ont tous le mérite de faire réfléchir sur sa relation à l’argent.
Les arguments sont confrontés au faits, et les diverses solutions globalement proposées (frugalité, travail, épargne, investissements …) sont décortiquées.
Que du bon sens, mais rien qu’en s’inspirant de tous ces conseils, on aura déjà fait un grand pas vers la richesse !
Par contre, ce que j’ai apprécié, c’est que tout ceci n’est pas rédigé en tant que guide de coaching comme trop de livres (y compris dans la liste citée dans l’introduction) avec ce ton positif obligatoire “vous voulez agir ou subir ?” Cela m’a toujours insupporté, même si le message porté est cohérent.
Ici, nous avons plutôt une étude technique des différentes méthodes possibles, en les ramenant au temps nécessaire pour atteindre l’indépendance financière.
Vient ensuite le cœur de l’ouvrage: les différentes manières d’investir.
L’auteur va bien au-delà de ce qui est proposé d’habitude: trop souvent une variation sur les mérites des intérêts composés et une méthode “miracle” consistant à épargner pendant 30 ans. (Ce qui en passant n’est pas une mauvaise manière d’investir).
Il compare plusieurs approches qui ont fait leurs preuves (momentum, permanent portfolio…), mais aussi certaines approches plus originales.
Il en résulte quelques stratégies, qui vont être étudiées selon le temps nécessaire pour devenir rentier. Le tout est accompagné de diverses astuces (que je connaissais pour la plupart, mais il est toujours intéressant de voir les choses sous un autre angle).
Les conseils données sont précieux, car n’importe quel investisseur les suivant devraient pouvoir s’en sortir honorablement. Certains dépendent de la psychologie propre à chacun, et on peut être en désaccord, mais l’ensemble des recommandations devraient être suivies.
J’ai d’ailleurs découvert que j’en suivais une très grande majorité dans mes propres investissements. Je n’ai pas forcément suivi le même chemin pour aboutir à mes conclusions, mais je suis tout à fait en accord avec ce qui est écrit.
Un des points forts de cet ouvrage est la pédagogie employée. A la fin de chaque partie, nous retrouvons les “enseignements principaux” qui résument bien les concepts exposés et facilitent la compréhension.
Le livre s’adresse à tous.
Quand Jérôme m’a dit que j’allais sans doute apprendre quelque chose, il avait raison. J’avais un fort doute, car cela reste un livre qui s’adresse a priori à des débutants, et sans vouloir me jeter des fleurs, cela fait tout de même un certain temps que je roule ma bosse dans le monde de la bourse et des investissements, et j’ai lu beaucoup de choses.
Mais comme souvent, un point de vue différent est souvent un moyen de (re)découvrir ce qu’on avait oublié/mal assimilé soi-même et de conforter les points communs dans divers raisonnements.
L’une des stratégies proposées est quasiment l’opposée de ce que je pratique le plus (à savoir l’investissement sur des écarts de la moyenne, lorsque tout baisse justement) et la combinaison avec le taux de chômage US est une approche que je n’avais jamais envisagée. Ceci dit, j’ai bien envie d’y consacrer un petit portefeuille secondaire…
Bref, tout investisseur peut y trouver quelque chose d’intéressant, ne serait-ce que les compilations d’études interprétées. Le sous-titre accrocheur “La science au service de l’indépendance financière” a donc bien un fond de vérité…
Le livre donne des pistes pour élaborer sa propre méthode, et c’est bien le plus essentiel : se poser ses propres questions pour élaborer sa propre méthode pour atteindre ses propres objectifs !
De plus, avoir les réflexions personnelles et authentiques d’un véritable investisseur particulier est toujours intéressant. Même si l’auteur espère sans doute un petit retour financier pour cet ouvrage, cela n’est certainement pas sa motivation principale, et ça se remarque…
En conclusion, c’est bien un achat que je ne regrette pas et pourtant, j’en ai lu des livres !
PS: Si j’ai rédigé cet article, c’est aussi parce que j’apprécie le travail de Jérôme, mais je ne me consacre plus qu’aux choses qui m’intéressent sur mon propre blog. Pas d’articles sponsorisés ou autre, juste mon point de vue d’investisseur (très) particulier ! Faites-en ce que vous voulez !
2 Commentaires
Merci Thomas pour cette revue de fond de mon ouvrage.
Tes propos me touchent car tu as bien compris le sens de ma démarche. Il faut dire qu’on se côtoie sur la toile depuis un sacré moment déjà. Comme tu le dis, en “temps-équivalent-internet”, on est des dinosaures !
Nous suivons deux chemins différents, mais nous avons des valeurs et sans doute certains buts assez similaires, à tel point qu’il est possible que ces chemins risquent un jour de converger. En tout cas ils ne sont plus autant éloignés qu’à l’époque de nos joutes Internet ! Si on m’avait dit alors que je me mettrai un jour à trader du Bitcoin je ne l’aurais jamais cru.
Bref, encore merci pour ton article et au plaisir de te lire.
Auteur
De rien, si je n’avais pas aimé, je n’aurai rien écrit !
Tous les chemins mènent à Rome il parait. Par contre, le point commun, c’est déjà de vouloir s’y rendre !
Je me retrouve dans toute la première partie du livre, au niveau de la réflexion générale sur ce que devrait faire un investisseur particulier désirant s’affranchir de certaines contraintes de la rat race (je connais en passant des rats très heureux, mais ce sont souvent ceux qui vivent en plein air dans des endroits avec plein de ressources).
Vivement que j’y retourne d’ailleurs, dans un monde post-Covid (à Rome, pas dans la rat race ! ;o)