Deux valeurs françaises massacrées : Peugeot et Alcatel-Lucent

Si vous me lisez depuis quelques temps, vous savez qu’une des formes d’investissement que j’apprécie est influencée par une approche Value consistant à acheter des titres ayant subis les foudres du Marché.

J’ai repéré deux actions intéressantes à ce titre.

Comme à mon habitude, je vais essayer de vous présenter les choses du point de vue trading/investissement, limitant mon analyse fondamentale à l’essentiel.

REMARQUE: une partie de l’article a été écrite le 5/11/12. Les graphiques présentés ne sont donc plus tout à fait d’actualité, mais sur une optique moyen/long terme, cela ne changera pas grand chose… Le titre Peugeot a cédé plus de 6% aujourd’hui et Alcatel-Lucent en a gagné plus de 11%… Comme quoi, il est toujours intéressant d’investir sur plusieurs valeurs à la fois pour lisser le risque…

 

Peugeot, la grande débâcle ?

Lorsque regarde un graphique à long terme, en données mensuelles, on voit clairement que le titre s’est écroulé depuis 2008, passant sous les plus bas historiques.

D’un point de vue fondamental, on peut se demander si Peugeot vaut moins actuellement que dans les années 90 (sans parler qu’à “valeur” égale, l’inflation aurait dû faire monter le titre, ce qui augmente encore la décôte actuelle).

Certes, divers facteurs expliquent cette chute:

– des erreurs stratégiques, avec un marché trop centré sur l’Europe (près de 60% du CA) et un mauvais positionnement (véhicules de milieu de gamme fabriqués et vendus dans des zones à fort coût de production et en récession)

– une grosse chute des exportations en Iran, dont Peugeot était le premier fournisseur, avec le blocus commercial.

– un marché automobile très concurrentiel, mais globalement en croissance (de l’ordre de 3-5%/an) grâce aux émergents notamment

– un résultat opérationnel quasi nul, plombé par la vente de véhicules en chute. A noter que les autres activités du groupe PSA (équipements auto, services financiers) sont quant à eux rentables bien que globalement en baisse.

– à priori, la dette est “raisonnable” si on en croit les informations officielles : http://www.psa-peugeot-citroen.com/fr/analystes-et-investisseurs/chiffres-cles-financiers , le problème vient du refinancement de plus en plus délicat et des pertes nettes de la branche automobile.

D’autres documents financiers peuvent être consultés ici:

http://www.psa-peugeot-citroen.com/fr/finance/actualites-financieres/download/11433

  PSA_FinancialReport_08112012180648.zip (1,2 MiB, 2 023 hits)

 

Du point de vue de l’analyse technique, nous sommes très bas. L’action UG est clairement survendue, que ce soit en données mensuelles ou hebdomadaires. Des divergences entre le RSI et les cours apparaissent dans ces deux échelles de temps. A moins de considérer la faillite du groupe PSA, je ne vois pas comment il ne pourrait pas y avoir un rebond, au moins jusqu’à la résistance de 10 €. Pour le moment, les hedges funds semblent être vendeurs, mais tôt ou tard, ils prendront leur bénéfices et rachèteront leurs positions. En Bourse, comme ailleurs, rien n’est éternel.

D’autre part, je vois mal l’Etat français se priver d’une moitié de son secteur automobile.

Evidemment, les risques d’une restructuration massive existent. Ce ne sera pas le premier constructeur à déposer son bilan, General Motors l’a bien fait. Le risque existe donc.

Pour moi, un Stop Loss à 0 me semble raisonnable.

Je me fixe une première cible vers 10 €, une seconde à 15 € et une dernière à 25 €. Ce qui fait une cible moyenne à 16,67 €. Pour un prix d’entrée vers 5 €, cela nous donne donc un rapport gain/risque de (16,67-5) / 5 = 2,33. Ce qui est convenable.

Une citation pleine de sagesse usitée en Bourse est de ne jamais tenter de rattraper un couteau qui tombe. Or, le couteau est bel et bien entrain de tomber. Aujourd’hui encore, l’action UG a chuté de plus de 6%, après une belle série de baisses.

Dans ces conditions, l’investissement progressif me parait être une solution acceptable. Partir sur une série de 10 achats par exemple permettra de faire baisser le PRU si besoin (augmentant par ailleurs le rapport gain/risque).

 

 (Graphique en données mensuelles, 1200 x 800 pixels)

 

 (Graphique en données hebdomadaires, 1200 x 800 pixels)

 

Alcatel-Lucent:

Ce grand équipementier télécom français s’enfonce dans les abysses boursiers.

Plusieurs raisons peuvent être évoquées:

– secteur extrêmement concurrentiel, avec de très faibles marges

– un groupe endetté, aux résultats nets peu reluisants et en perte

http://www.usinenouvelle.com/article/telecoms-alcatel-lucent-cherche-son-poids-de-forme.N184782

Pour ceux qui aiment les chiffres, voici le résultats financiers du 3ème trimestre.

http://www.alcatel-lucent.com/wps/DocumentStreamerServlet?LMSG_CABINET=Docs_and_Resource_Ctr&LMSG_CONTENT_FILE=Financial_Info/Fin_Releases/PR_021112_Q3_FR.pdf

http://www.alcatel-lucent.com/wps/DocumentStreamerServlet?LMSG_CABINET=Docs_and_Resource_Ctr&LMSG_CONTENT_FILE=Financial_Info/Income_Statements/Alcatel-lucent_Q3_2012_FR_Comptes-Conso.pdf

 

On peut toutefois noter un redressement de l’activité du groupe. Il est tout à fait possible qu’il redevienne rentable. De plus, Alcatel-Lucent est un big player, aux technologies de pointe. Evidemment, ce n’est pas le seul… Mais le savoir-faire en Recherche et Développement est bien là.

 

Techniquement parlant, la configuration a quelques ressemblances avec l’action UG: des divergences RSI/prix apparaissent de manière plus marquées, mais le RSI n’est pas en survente.

Le risque existe et je vais prendre l’exemple d’un stop loss à 0 €.

Si on prend une entrée sur 0,77 €, on peut se fixer plusieurs cibles cohérentes : une sur 1,30 €, une sur 2 € et une sur un retour vers 4 €. Cela nous donne une cible moyenne de 2,43 € soit un rapport gain/risque de (2,43-0,77) / 0,77 = 2,16, qui est convenable.

 

 

Conclusion:

Notons que dans ces deux cas, j’ai pris l’hypothèse d’un stop loss à 0. Ceci pour refléter le caractère risqué de ces trades. Vous remarquez que je parle de trade, même s’il s’agit d’un horizon très long, car je n’insiste pas longuement sur le côté analyse fondamental. Il faut toujours prévoir pire que ce que l’on pense vraiment (vous y croyez vous à une faillite de Peugeot et d’Alcatel-Lucent ?). Si le rapport gain/risque est toujours supérieur à 2, je n’hésite pas. Pour des investissements à moyens/longs terme, cela ne me dérange pas d’immobiliser quelques pourcents de mon capital sur de telles valeurs.

Remarque : Je rappelle que cet article n’est là que pour donner un exemple de démarche d’investissement. Je ne recommande en rien d’acheter des actions Peugeot ou Alcatel-Lucent en particulier. Il n’y a que vous qui êtes responsable de votre capital et de vos investissements !

 

2 pings

  1. […] Des exemples de la sorte, on pourrait en citer beaucoup. Plus proche de moi, rappelez-vous de mon exemple sur Peugeot par exemple : https://www.investisseur-particulier.fr/deux-valeurs-francaises-massacrees-peugeot-et-alcatel-lucent […]

  2. […] En effet, rien n’empêche que l’analyse graphique, même basique avec par exemple un simple croisement de moyennes mobiles ou des ruptures de lignes de tendance peuvent s’avérer payants, pour peu qu’on ait un money management cohérent avec des cibles claires et des stops d’invalidation (bref, un système de trading structuré). Je proposais d’ailleurs un exemple sur ce titre ici: https://www.investisseur-particulier.fr/deux-valeurs-francaises-massacrees-peugeot-et-alcatel-lucent […]

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