Le retour à la moyenne est le nom donné à divers processus par lesquels des variables telles que des prix, des taux, et des volatilités ont tendance à retourner à une valeur moyenne après avoir atteint des valeurs extrêmes.
Cette notion est très utilisée dans la gestion des risques.
Elle découle des découvertes en statistiques faites par Francis Galton, un scientifique britannique du XIXe siècle, qui avait la particularité d’être un véritable polytechnicien s’intéressant à diverses sciences expérimentales et qui notait, à juste titre, des points communs entre tous les phénomènes naturels.
Le retour à la moyenne (ou régression vers la moyenne) peut se traduire simplement par le principe que tout, à long terme, revient à la normale.
On peut donc également l’appliquer à la Bourse et aux cycles économiques.
Évidemment, cela reste une théorie puisque sa véracité dépend notamment de la durée exacte du long terme. En schématisant quelque peu, si notre civilisation s’écroule, que le monde sombre dans la plus parfaite barbarie, et que les Bourses s’écroulent et disparaissent, il est probable que sur le (très) long terme, une nouvelle société se développe, avec des cotations boursières (ou un autre système de valorisation) et que tout rentrera dans l’ordre… Mais voilà , s’il faut attendre 1000 ans pour que cela se produise, la théorie n’est pas très utile pour l’investisseur du XXIè siècle.
Sans rentrer dans la théorie mathématique, l’autre idée que l’on peut y rattacher est la loi normale, qui consiste à dire qu’en moyenne, et bien les choses sont moyennes et que les extrêmes sont rares ! (Notez l’effort de simplification que je fais, mais me semble un peu sortir de mon site sur l’investissement).
Cela se traduit graphiquement par la fameuse courbe “en cloche” (de Gauss):
Du point de vue théorique, je mélange deux concepts mathématiques différents (régression et probabilité ne sont pas tout à fait la même chose), mais ils sont liés du point de vue de la logique.
Avant que vous ne fuyez toutes ces mathématiques (mais on ne peut pas espérer investir en Bourse avec succès sans un minimum de notion élémentaires), nous allons revenir sur ce qui nous intéresse: gagner des sous en Bourse !
Si on sait maintenant que ces lois sont en partie fausses (en simplifiant, les cas extrêmes sont moins rares que prévus) et que bon nombres de mathématiciens/investisseurs se sont cassés les dents sur des “phénomènes rares et imprévisibles”, un peu de bon sens ne peut pas faire de mal.
En gros, on peut estimer que si on achète des actions qui sont:
– sous leur valeur réelle (par un excès de pessimisme du marché ou bien en raison de problèmes transitoires clairement identifiés)
– en plusieurs fois, parce qu’on ne peut pas prévoir précisément quand le retour à la moyenne va se faire
– avec évidemment un money management cohérent et une échelle de temps suffisamment longue
Il y a toutes les chances que le retour à la moyenne finisse par se produire et qu’on ressorte gagnant.
A titre personnel, c’est un concept que j’utilise dans la plupart de mes investissements boursiers.
Mon échelle de temps lorsque j’achète une action est 10 ans.
Oui, c’est long ! C’est plus long que la plupart des gens qui veulent faire de l’argent facilement et surtout rapidement sont capables de concevoir dans notre société de l’immédiat.
Ma règle de base pour qualifier la réussite ou non d’un investissement, c’est de voir si mon rendement moyen est d’au moins 10%/an, dividendes (et frais de courtage, même s’ils sont en principe négligeables) compris.
Prenons quelques exemples.
Si j’achète une action à 10 € et que je la revend 6 mois plus tard à 11 € (soit 10% de gain), je considère que le trade (car sur une période si courte, il ne s’agit pas vraiment d’investissement…) est un succès, modeste certes, mais un succès tout de même.
Si j’achète la même action à 10 € et que je la revends 10 ans plus tard à 21 € (soit 10% de gain/an), je considère tout autant cet investissement étant un succès, modeste. Si elle passe 9 ans à 10 € et que la dernière année, la cotation de l’action explose à 21 €, c’est tout autant un succès, tout en me disant que décidément, j’avais un très mauvais timing. (Pour être tout à fait précis, il faudrait en vérité que je la revende 25, 94€ pour faire 10% d’intérêt annualisé, en comptant les intérêts composés, mais vous voyez l’idée principale de mon exemple ?)
Bref, ce qui compte ce n’est pas tellement de savoir si le moment où l’on achète est idéal (au plus bas), ni si on arrive à revendre l’action au plus haut, mais si on arrive à revendre l’action à un prix suffisamment élevé pour justifier d’avoir bloqué l’argent plus ou moins longtemps.
Tous mes investissements se basent sur cette idée simple. Cela ne signifie pas que je me jette sur le bouton “vendre” de mon courtier dès que je fais 10%, cela signifie juste:
– qu’il faut savoir être patient
– qu’il faut se fixer des objectifs de durée et des conditions de sortie dès le départ (parce que, personnellement, dans 8 ans, je me souviendrais peut être plus exactement pourquoi j’ai acheté telle ou telle action, ou même bien avant)
Cela ne peut être possible que si on écrit quelque part son plan de trading/d’investissement.
                         (code d’Hammurabi)
L‘avantage d’une telle approche, c’est qu’en respectant bien tous les critères cités plus hauts, les positions se débouclent progressivement, plutôt en haut des marchés et que les positions perdantes finissent par être tout aussi rentables voir davantage que celles qui étaient gagnante les années précédentes. Autrement dit, la règle pour gagner en Bourse et déjà d’éviter de perdre s’illustre bien ainsi.
L’inconvénient, c’est qu’il y a souvent une partie du porte-feuille qui est dans le rouge, notamment s’il y a des corrections du marché juste après avoir commencé de construire une nouvelle position et qu’il ne faut pas avoir peur d’avoir quelques actions avec de fortes moins-values latentes (d’où l’intérêt de bien se diversifier). Cela n’est pas adapté au goût de tout le monde. Il faut là encore bien mettre en face les gains précédemment engrangés.
Il ne faut pas non plus se laisser emporter par les périodes de progression du marché où on peut se retrouver avec des positions à +100% ou bien davantage, qui peuvent donner l’impression que la Bourse, c’est vraiment trop facile et commencer à surinvestir à ces moments là (où il vaut mieux se retenir, pour attendre la prochaine correction ou continuer à renforcer en suivant son plan des positions en contre-tendance). Par exemple, en ce moment, les minières en prennent pour leur grade, c’est donc une bonne occasion d’en racheter (en choisissant bien évidemment…). Cette approche contrarienne et basée sur la valeur peut ne pas être la tasse de thé de tout le monde, mais on peut tout aussi bien appliquer ce principe général à d’autres types de stratégies, par exemple, en se concentrant sur les actions à dividendes croissants.
Il ne faut pas non plus confondre une stratégie basée sur le retour à la moyenne avec des moyennes à la baisse sans réelle analyse (voir https://www.investisseur-particulier.fr/moyenner-a-la-baisse-ou-acheter-progressivement-dans-un-marche-baissier )
Par exemple, si je choisi une valeur “sûre” (notez qu’il vaut mieux analyser en profondeur, il ne s’agit pas ici d’un conseil d’investissement, mais d’un exemple facile à appréhender, il existe d’autres entreprises de ce vaste secteur qu’est l’industrie pétrolière) comme Total, je peux voir que si j’achète des actions quand le prix est sous 40 €, je devrais d’ici 2024 (et même bien avant si le prix du pétrole remontait soudainement par exemple) arriver à sortir bénéficiaire. Sachant qu’elle verse un dividende de l’ordre de 5%, pour faire 10%/ an, cela ne doit pas être trop difficile…
Mais comme rien n’est impossible (un conflit géopolitique majeur ou tout simplement une plate-forme polluante et incontrôlable), mieux vaut se diversifier dans une dizaine d’autres sociétés. Il est peu probables que toutes connaissent un problème “imprévisible et improbable” (mais malheureusement plus fréquent qu’on pourrait le croire…)
Remarques importantes:
Je parle ici d’investissements à moyen/long terme sur des actions. La théorie du retour à la moyenne est une vraie catastrophe sur des marchés dérivés types Forex (ou alors dans un tout autre contexte, avec une méthode éprouvée et un money management sans faille) car l’effet de levier rend bien souvent impossible de garder une position sur le long terme.
D’autre part, je parle ici de l’exemple de la cible de 10%/ an parce que j’aime bien les chiffres ronds et aussi parce que cela correspond grosso modo au rendement moyen des bourses sur le siècle dernier. Il s’agit donc plutôt d’un point moyen à partir duquel je considère qu’un investissement est “correct”. Mon critère de réussite est plutôt vers 20%/an, mais comme bien évidement, il y a des situations où un stop loss est atteint ou bien qu’il est nécessaire de sortir prématurément d’une position car mon hypothèse de départ était mauvaise ou bien car la situation d’une entreprise a évolué de manière imprévisible, mon rendement réel est plus bas que cet objectif… qui reste néanmoins un objectif pour tenter de m’améliorer.
Bons investissements, et surtout fixez vous des règles et suivez les !!!
FP (%)
3 Commentaires
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Voilà un des meilleurs articles que j’ai lu depuis longtemps sur le net.
Ta philosophie de placement et tes objectifs de rendement montrent beaucoup de similitude avec les miens.
Perso, mon horizon de placement minimum est de 5 ans et je vise de doubler ma mise sur cette période, ce qui donne un rendement annualisé de 14.9% (dividende inclus).
Tout cela appuyé bien sûr par une solide analyse fondamentale et une analyse de rendement potentiel sur 5 ans.
Pour le reste, j’allège un peu mes positions qui ont prit de l’avance sur leur croissance intrinsèque pour augmenter celles qui ont prit du retard.
Parallèlement à cela, je continue sans cesse à me former et à acquérir des connaissances connexes à l’investissement en Bourse.
Martin
Bel article. Le retour à la moyenne est une bonne méthode. Cependant, vous l’abordez sous l’aspect valeur. En fait, c’est par l’utilisation d’indicateurs d’analyse technique que l’on en tire le plus de bénéfices.
Pour ce qui est des périodes de progressions, il faut savoir en profiter et sortir au bon moment. L’AT fournit tout ce dont on a besoin.
Auteur
Merci. Les indicateurs techniques ne sont qu’une autre manière de visualiser les choses. Ce qui fait bouger les cours sur le long terme, c’est la différence entre eux et la valeur réelle d’une entreprise.
Ceci dit, l’analyse technique peut aider grandement à “voir” les choses correctement.
Je n’ai pas de parti pris pour aucune des deux méthodes : analyse fondamentale ou technique, mais de n’en utiliser qu’une, c’est un peu comme fermer un Å“il. On peut bien voir, mais on a du mal à juger la profondeur… ;o)
Mais à chacun sa méthode ! (et c’est très bien comme ça!)
[…] en bourse depuis au moins 50 mois, il vaut mieux ignorer cette méthode, qui s’appuie sur le principe du retour à la moyenne, puisqu’il n’y a pas assez de recul. Ce qui, en passant, limite son emploi dans […]